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Il se peut que ma vie soit à l'image du jardin du Docteur Gachet: un jardin du Nord dans lequel se trouve un certain nombre de plantes du Sud. Né au Canada d"une mère canadienne et d’un père hollandais, je suis arrivé en France en 1987. Peintre depuis toujours, c’est à Paris, peu après mon arrivée, que j’ai commencé à faire de la gravure à l’atelier Lacourière-Frélaut. En 1992, je suis parti comme pensionnaire de la Casa de Velázquez à Madrid où j’ai découvert une des multiples facettes du Sud. Deux ans plus tard, je suis retourné en région parisienne pour m’installer quelques années plus tard près de Nîmes. En attendant, peut-être, un nouvel appel du Nord…

Je peins et je grave des hommes, des femmes, des arbres, des oiseaux, des poissons. J’essaie de donner forme à ce que je vois et je ressens. Le dessin est fondamental pour moi. Il me permet « d’apprivoiser » le monde visuel qui m’entoure, de renouveler mon vocabulaire des formes et de nourrir mon imaginaire. Il est la racine de tout. Si la peinture est couleur, contrairement à la gravure qui privilégie toutes les nuances du noir et blanc, les deux explorent la lumière, qu’elle soit celle des gris et des bleus du Nord ou celle des ocres et des siennes du Sud.

Ma vie se construit donc entre le Nord et le Sud, à l’exemple de certains artistes que le Docteur Gachet a connus. Je pense, bien sûr, à Paul Cézanne et à Vincent Van Gogh dont j’ai en tête deux tableaux qui m’ont profondément marqué. Le premier, Le jardin des Lauves, a été peint par Cézanne à la fin de sa vie vers 1906. Composé de nombreuses taches de couleur et d’un aspect inachevé, il me parle du souffle vital et me dit que l'art est ouverture. L’autre, Corbeaux et champs de maïs, a été réalisé par Van Gogh à Auvers-sur-Oise en 1890 peu avant sa mort. Ce tableau me dit que l’art est une quête. Une quête qui interroge le mystère de l’existence et tente d’exprimer tout le désespoir et toute la beauté du monde.



Montaren, mars 2007